Exercice de style redouté dans la peinture et le dessin, la main devient, dès les premières heures de la photographie, un motif technique et symbolique récurrent. Parce que la prise de vue le permet, la main est représentée fragmentée, isolée du reste du corps et apparait dès lors comme un sujet à part entière.
Membre personnifié par excellence, la main signe et appose son empreinte digitale. Seule, elle forme le portrait de son propriétaire par métonymie. Jean Cocteau, lui-même fasciné par les mains au point de leur donner la parole dans son film Le sang d’un poète (1930), est ainsi représenté par Berenice Abbott sous la forme de ses deux mains harmonieusement posées sur un chapeau.
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« Et les mains ? Avec elles nous demandons, nous promettons, appelons, congédions, menaçons, prions, supplions, nions, refusons, interrogeons, admirons, comptons, confessons, nous nous repentons, nous craignons, exprimons de la honte, doutons, instruisons, commandons, incitons, encourageons, jurons, témoignons, accusons, condamnons, absolvons, injurions, méprisons, défions, nous nous fâchons, nous flattons, applaudissons, bénissons, nous nous humilions, nous nous moquons, nous nous réconcilions, nous recommandons, exaltons, fêtons, nous nous réjouissons, nous nous plaignons, nous nous attristons, nous nous décourageons, nous nous désespérons, nous nous étonnons, nous nous écrions, nous nous taisons : et que ne faisons-nous pas, avec une infinie variété rivalisant avec [celle] de la langue ? »
Montaigne, Les Essais, Livre II, chapitre XII, 1580
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Dans le portrait du pianiste Arthur Rubinstein réalisé par Ernst Haas, la main figure également la profession et le talent du sujet, dont on cherche à reconnaître les marques de la virtuosité. Accompagnée de son double sculpté, cette main emblématique souligne sa force créative.
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'Florette', Extrait de l'ouvrage 'Jacques Henri Lartigue, Une vie sans ombre' lu par Martine d'Astier.
Martine d’Astier a travaillé aux côtés de Jacques Henri Lartigue de 1981 à sa mort en 1986. Elle a dirigé la donation Jacques Henri Lartigue de 1986 à 2017.
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Sabine Weiss
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Bruce Wrighton
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Tom Arndt
Street Musician, 1997"J'ai réalisé ce portrait à l'automne 1997 à Chicago. Je venais d'acheter un objectif 75mm Summilux f1:4 pour mon Leica M6. C'est un objectif mythique pour le portrait.
J'ai vu cet homme sous le Michigan Ave Bridge, qui traverse la Chicago River, en train de jouer de l'harmonica tout seul. Il n'y avait personne près de lui. Il était plutôt isolé. J'ai descendu quelques marches et je lui ai demandé si je pouvais le photographier. Il a acquiescé et j'ai pris plusieurs clichés. La lumière était très basse et je devais faire attention à la mise au point car la profondeur de champ est moins importante qu'avec un objectif grand angle. La vitesse d'obturation était de l'ordre du soixantième de seconde, et je devais tenir l'appareil très immobile. J'étais satisfait de ce moment. J'ai développé le film Tri-x avec le révélateur Xtol. Je crois que je l'ai imprimé sur du Bergger VCNB. Ce papier est difficile à trouver maintenant.
Les aspects techniques sont importants car notre vision dépend de notre capacité à rendre l'idée de la photographie avec clarté et sensibilité. Le développement de la pellicule, le choix du papier, le virage, sont autant d'éléments essentiels à la réalisation de photographies intemporelles et éloquentes.
Ce portrait est devenu l'un de mes plus mémorables. Je n'utilise plus souvent cet objectif, mais il reste très important pour moi."
Tom Arndt, mars 2021
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