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Mains libres
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Mains engagées
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Mains laborieuses
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"Puis, il y eut les danses, toute une population en joie, une grande ronde finale qui mit ce petit peuple fraternel la main dans la main, qui s’allongea sans fin et qui tourna pendant des heures, au son de musiques claires, par les halles de l’usine immense. Elle s’engagea dans la halle des fours à puddler et des laminoirs, passa dans la halle des fours à creusets, traversa la halle des tours, revint par la halle des moulages d’acier, emplissant de la turbulence de son rythme, de la gaieté de ses refrains les hautes nefs, où ne retentissait d’ordinaire que le souffle héroïque du travail. Autrefois, on avait tant peiné, tant souffert, dans le bagne noir, sale et malsain, qui se dressait là et que la flamme avait emporté ! Maintenant, le soleil, le plein air, la vie entraient librement."
Émile Zola, Travail, 1901, in Bulletin d'histoire de l'électricité, n°24, 1994
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"Ma grand-mère avait même de la distinction, aux fêtes elle portait un faux-cul en carton et elle ne pissait pas debout sous ses. jupes comme la plupart des femmes de la campagne, par commodité. Vers la quarantaine, elle après cinq enfants, les idées noires lui sont venues, elle cessait de parler durant des jours. Plus tard, des rhumatismes aux mains et aux jambes. Pour guérir, elle allait voir saint Riquier, saint Guillaume du Désert, frottait la statue avec un linge qu'elle appliquait sur les parties malades."
Annie Ernaux, La place, 1986
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"Les sœurs de mon père, employées de maison dans des familles bourgeoises ont regardé ma mère de haut. Les filles d'usine étaient accusées de ne pas savoir faire leur lit, de courir. Au village, on lui a trouvé mauvais genre. Elle voulait copier la mode des journaux, s'était fait couper les cheveux parmi les premières, portait des robes courtes et se fardait les yeux, les ongles des mains. Elle riait fort."
Annie Ernaux, La place, 1986
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Parer, orner
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"Nous marchons un peu ensemble, puis nous nous séparons, tous deux fâchés, presque sans un mot. Je le vois s'éloigner sans but, avec désolation. Je traverse la rue et j'entre au Printemps. Je me dirige vers le rayon des bijoux — colliers, bracelets, boucles d'oreilles, qui me fascinent toujours. Je reste devant, comme une sauvage éblouie. Scintillement. Améthyste. Turquoise. Coquillage rose. Marbre vert d'Irlande. J'aimerais être nue et me couvrir de bijoux en cristal. Bijoux et parfum. Je remarque deux bracelets d'acier, larges et plats. Des menottes. Je suis l'esclave des bracelets. Ils sont vite autour de mes poignets. Je paie. J'achète du rouge à lèvres, de la poudre, du vernis à ongles. Je ne pense pas à Eduardo. Je vais chez le coiffeur où je peux rester assise, gelée. J'écris avec un poignet cerclé d'acier."
Anaïs Nin, Henry et June — Les cahiers secrets (1986), éd. Stock, 2007
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Mains libres, mains liées: Sélection #11
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