Je veux voir de l'art: Hommage à Christian Bouqueret (1950-2013)
Françoise Morin et Les Douches la Galerie ont le plaisir de vous inviter jeudi 30 novembre, à partir de 18h, au vernissage de la nouvelle exposition collective, Je veux voir de l’art, sous le commissariat d’Eric Rémy, vibrant hommage à Christian Bouqueret, historien, galeriste, collectionneur, décédé il y a dix ans. Une occasion rare de découvrir des tirages d’époque de photographes, notamment ceux de l’entre-deux-guerres, qu’il a toujours pleinement défendus de son vivant, ainsi que la scène photographique contemporaine allemande.
Vernissage le 30 novembre de 18h à 21h
-
Vente-hommage de défricheurs de la photo française
Le Journal des Arts, 2 Février 2024 This link opens in a new tab. -
Collection Bouqueret : expérimental et beau
Beaux Arts Magazine, 26 Janvier 2024 This link opens in a new tab. -
Christian Bouqueret aux douches de Paris, grand défricheur
L'Humanité, 8 Janvier 2024 This link opens in a new tab. -
Je veux voir de l'art. Hommage à Christian Bouqueret (1950-2013)
Télérama Sortir, 3 Janvier 2024 This link opens in a new tab.
-
L'actualité des galeries | Hommage à Christian Bouqueret
L'ŒIL Magazine, 1 Janvier 2024 This link opens in a new tab. -
"Je veux voir de l'art" : la collection de Christian Bouqueret s'expose
Phototrend, 18 Décembre 2023 This link opens in a new tab. -
Je veux voir de l'Art : Hommage à Christian Bouqueret à Les Douches la Galerie
Blind Magazine, 5 Décembre 2023 -
I want to see art / Je veux voir de l'art Homage to Christian Bouqueret (1950-2013)
Photography now, 1 Décembre 2023 This link opens in a new tab.
Il y a cinq ans, je découvrais les Douches La galerie à deux rues de l'appartement où j'avais vécu treize années avec Christian. Sa directrice, Françoise Morin, fut surprise du hasard fortuit quand je lui expliquais mon lien avec Christian Bouqueret, alors qu'elle était justement en train de consulter les catalogues des photographes Pierre Boucher, Jean Moral et René Zuber, écrits par Christian.
J'y vis comme un signe qui augurait une collaboration future pour continuer de faire connaître cette photographie de l'entre-deux-guerres et entretenir ainsi la mémoire de son travail.
Éric Rémy, Commissaire d'exposition
Attiré, jeune homme, par les avant-gardes artistiques, Christian Bouqueret fréquente le Musée d’art moderne de Paris et les galeries du boulevard Saint-Germain, notamment celle de Denise René. Alors qu’il milite au FAHR ¹ en 1973, une rencontre sentimentale le conduit à cesser ses études en sinologie à Paris pour partir étudier, à Berlin, l’histoire de l’art et la germanistique. C’est dans cette ville cosmopolite, où le mur se dressait encore comme un rempart entre deux conceptions du monde, qu’il découvre l’école du Bauhaus qui intègre la photographie dans le champ éducatif des arts.
À la même époque, l’emblématique revue Photographie (1930-1947)² est pour lui une révélation et un choc esthétique. Elle devient une source première pour aller à la découverte de cette période si créative où les influences des différents courants artistiques (constructivisme, surréalisme, nouvelle objectivité, etc.) enrichissaient et influençaient les jeunes photographes dans la diversité de leur production (portrait, publicité, reportage, mode, expérimentation…).
De retour en France en 1979, à l’âge de 29 ans, Christian Bouqueret tente une première aventure furtive de galeriste. Trop précurseur ou pas assez expérimenté, il ferme le lieu rapidement. Il se tourne alors vers le professorat pour assurer son quotidien, mais la photographie reste son seul centre d'intérêt. Au début des années 80, il rencontre Michèle Chomette avec laquelle il produit sa première exposition, pour les Rencontres d’Arles 1982, sur le travail du photographe et cinéaste allemand Willy Zielke (1902-1989), dont il avait fait sa connaissance lorsqu’il vivait à Berlin. Les années suivantes, il continue à défricher la riche activité photographique de cette période et contacte des photographes encore en vie ou leurs héritiers, afin de retracer leurs parcours et reconstituer l’activité photographique de l’entre-deux-guerres. Citons notamment Ilse Bing, Jean Moral, Pierre Boucher, Carlo Rim, Dora Maar, Pierre Jamet, François Tuefferd, Pierre Ichac, Génia Rubin, Mme Roger Parry, Mme François Kollar, Mme Eméric Feher, Mme Bajolet/Steiner.
Du milieu des années 80 jusqu’à 2004, il monte une vingtaine d’expositions, avec le soutien des institutions muséales et leurs conservateurs, notamment François Cheval, Jean-luc Monterosso ou Gérard Guillot-Chêne ou Blandine Chavanne. Travaillant en 1987 pour la section Photographie de l’exposition Les années 50 au centre Pompidou, Christian Bouqueret découvre le travail de « photographisme » de Roger Catherineau, artiste oublié et décédé à l’âge de 39 ans en 1962. Ses photographies sont présentes dans les grandes expositions Subjektiv fotografie I & II (1952, 1955), organisées par le photographe Allemand Otto Steinert, au côté d’un autre grand maître de la photographie française, le critique, théoricien et photographe Daniel Masclet. Christian Bouqueret commence alors un travail sur la photographie expérimentale des années 50 en Europe, pour laquelle il envisageait une grande exposition qui n’aboutira pas.
En 1990, il crée avec Marie-Claude Lebon la galerie Bouqueret+Lebon qu’ils dédient à la redécouverte de ces photographes français de l’entre-deux-guerres, à la présentation de la scène photographique contemporaine allemande (Kurt Buchwald, les Blume, Dieter Appelt, Gerd Bonfert, Jürgen Klauke, Dörte Eissfelt) et à des photographes travaillant en France (Tom Drahos, Marc Donnadieu ou Thierry Balanger). En 1996, il cesse son travail en galerie pour se consacrer à la rédaction de son ouvrage Des années folles aux années noires, la nouvelle vision photographique en France 1920-1940, fruit de quinze années d’études sur cette période charnière dans l’histoire de l’art, et qui sera couronné en 1997 par le prix Nadar. Si son travail d’historien le pousse à étudier les différents champs que recouvre la photographie (reportage, mode, publicité portrait, etc.), son attrait esthétique se porte vers les expérimentations, les recherches plastiques dans lesquelles la photographie prend son autonomie et se libère de sa fonction première de reproduction du réel.
La photographie doit être regardée pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle représente, à l’instar des plaques de verres et le jeu de transparence de Willy Zielke, les « Fers » de Germaine Krull, l’architecture des corps d’André Steiner ou les photogrammes d’Anneliese Hager (1904-1997). Les photographes qui l’intéressent le plus sont ceux qui travaillent le médium photographique comme une matière et qui en élargissent ses possibilités. Ainsi, l’œuvre de Raoul Ubac - certainement le photographe à l’approche la plus expérimentale dans la fabrication d’images - ou les travaux expérimentaux de l’Allemand Heinz Hajek-Halke, qu’il découvre à la fin des années 70.
Brutalement stoppé dans son travail par la maladie en 2004, il reste actif et propose au Jeu de Paume une grande exposition sur la photographie des années 30 en France. Marta Gili, alors directrice, souhaite dévoiler l’autre facette de son rapport à la photographie. Une partie de sa collection est ainsi présentée à l’hôtel de Sully, en 2008 : Paris Capitale photographique 1920-1940, collection Christian Bouqueret. En 2009, sous l’impulsion de Quentin Bajac, alors conservateur au MNAM/Centre Pompidou, sa collection est classée œuvre d’intérêt majeur national et intègre les collections du MNAM grâce au mécénat du groupe Yves Rocher. En novembre 2012, l’exposition Voici Paris - Modernités photographiques, 1920-1950, sous le commissariat des conservateurs Quentin Bajac et Clément Chéroux, met en lumière toute la richesse et la diversité de la collection d’un historien, reflétant la foisonnante activité et créativité photographique durant l’entre-deux-guerres en France.
Au matin du 17 novembre 2013, alors que très affaibli par la maladie et que je l’incitais à se reposer plutôt que de retourner une dernière fois à Paris Photo, Christian m’a répondu dans un élan vital : « Je veux voir de l’art ».
Christian Bouqueret est décédé le 5 décembre 2013. Durant quarante ans, la photographie a été sa passion.
¹ Front homosexuel d’action révolutionnaire fondé un 1971.
² Cette revue lancée en 1930 comme un premier supplément du mensuel Arts et Métiers Graphiques présentait un panorama de la production photographique de l’année. La mise en page radicale des photographies en pleine page, reproduites en héliogravure, remporte un si grand succès qu’il est décidé de la pérenniser. Jusqu’en 1940 un opus sera publié presque chaque année, le dernier en 1947.