Jean-Claude Gautrand: L'assassinat de Baltard
Les Douches la galerie est heureuse de présenter, pour la première fois, une quinzaine de tirages de la fameuse série photographique prise en 1971 par Jean-Claude Gautrand : L’assassinat de Baltard.
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Au cœur de la conscience de Romain Urhausen
Lucie Guillet, Fisheye, 17 Mai 2023 -
C’était les Halles
Frédérique Chapuis, Télérama Sortir, 10 Mai 2023 This link opens in a new tab. -
Jean-Claude Gautrand
Christine Coste, L’œil, 23 Avril 2023 This link opens in a new tab. -
Jean-Claude Gautrand : L’assassinat de Baltard à Les Douches la Galerie
Blind, 20 Avril 2023
Jean-Claude Gautrand n’a cessé de témoigner en photographies et en textes de ce qui n’est plus, de ce qui est voué à disparaître. Né en 1932, dans le Nord de la France, il a assez peu voyagé. Il a surtout photographié Paris, ses mutations, et s’est intéressé aux lieux qui portent la trace de l’Histoire : le village martyr d’Oradour-sur-Glane, le camp du Struthof, la fin du bassin minier, les blockhaus sur la côte Atlantique…
L’assassinat de Baltard immortalise la destruction des Halles de l’architecte Baltard, immense marché niché au cœur de la capitale dont les structures de verre et de fer disparaissent dans la poussière et la lumière de l’été. Jean-Claude Gautrand est le seul photographe à avoir suivi toute la destruction. Imaginez le Préfet de Paris autorisant la démolition du Grand Palais. Impensable ! C’est pourtant un drame similaire qui s’est joué dans la torpeur du mois d’août 1971. Et cela malgré les nombreuses protestations et manifestations des Parisiens. Douze pavillons, conçus par l’architecte Victor Baltard en 1856 et constitués de structures de fer et surmontées de verrières, allaient être détruits… Ces joyaux d’architecture industrielle du XIXème abritaient un gigantesque marché de gros : les fameuses Halles qui ont donné leur nom à ce quartier décrit par Emile Zola dans Le Ventre de Paris. Ce marché sera déménagé par la suite à la Villette et à Rungis. Jean-Claude Gautrand, suit l’intégralité de ce chantier, de la démolition des premiers pavillons à la restitution d’un des bâtiments à Nogent-sur-Marne, le Pavillon Baltard. A l’aide d’un appareil Rolleiflex et de films noir et blanc, il se rend chaque jour sur place, bravant les interdictions d’accès, grimpant sur les toits des immeubles, pour témoigner de ce qu’il a appelé L’Assassinat de Baltard et qui a fait l’objet d’un livre paru aux éditions Formule 13, en 1972. Cet ouvrage recevra la même année le Grand Prix du Livre de la ville d’Arles. Au début des années 2000, il a été sélectionné par Martin Parr et Gerry Badger dans le volume consacré aux Protest books au sein de ce qui est devenu une bible pour les grands amateurs de livres de photo, Le livre de photographies : une histoire.
Sylvie Hugues
Commissaire d’expositions
LA DESTRUCTION DES HALLES DE BALTARD EN QUELQUES DATES
1969 : Transfert du marché vers Rungis et La Villette entre le 27 février et le 1er mars. Cette opération considérée à l’époque comme étant le « déménagement du siècle » concerne 20 000 personnes, 1 000 entreprises de gros, 10 000 m3 de matériel, 5 000 tonnes de marchandises et 1 500 camions. En mars de la même année, le marché de Rungis ouvrait ses portes.
1970 : Le quartier des Halles, exsangue, reprend vie grâce à une activité culturelle intense : théâtre, expositions, spectacles de danse... Béjart s’y produit, une exposition Picasso est montrée, l’opéra Orlando Furioso fait sensation...
1971 : Démolition des six premiers pavillons situés à l’est de la rue Baltard pour permettre la construction de la gare RER et du Forum.
1973 : Démolition des pavillons de la viande, des îlots sud des Halles et des îlots Beaubourg. Un seul de ces pavillons sera préservé, le n°8 qui abritait le marché aux volailles et aux oeufs. Il est démonté et reconstruit à Nogent-sur-Marne et devient la salle de spectacle baptisée Pavillon Baltard. Les matériaux de construction de l’ensemble des pavillons seront vendus à la foire à la ferraille.
1974 : Valéry Giscard d’Estaing, élu président de la République, décide l’abandon du centre de commerce international et la création d’un jardin à son emplacement.
1975 : Le projet choisi par les Parisiens est rejeté au profit de celui de l’architecte Ricardo Bofill dans un premier temps, puis de celui de Jean Willerval. Le centre commercial appelé Le Forum est de l’architecte Claude Vasconi.
2016 : Les structures de Jean Willerval sont démolies pour céder place à la Canopée, nouveau coeur des Halles.