Aux frontières du réel: Photographies surréalistes
Les Douches la Galerie a le plaisir de présenter Aux frontières du réel, une exposition collective interrogeant la place du médium photographique dans les pratiques surréalistes de la fin des années vingt aux années cinquante.
Présentant le travail de 12 artistes, elle rassemble une quarantaine de tirages photographiques qui explorent l'étrangeté dans un corps fragmenté, un objet banal ou un paysage oublié.
Avec des œuvres de :
Denise Bellon, Ruth Bernhard, Pierre Boucher, Marc Foucault, Philippe Halsman, Lucien Lorelle, Pierre Molinier, Jean Painlevé, Willy Ronis, André Steiner, Val Telberg et Raoul Ubac
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Denise Bellon, Natures mortes, poupées, c. 1930-1940
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Pierre Boucher, Sans titre, 1932
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Pierre Boucher, Dadès, 1936
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Lucien Lorelle, Femme en lévitation, 1947
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Fortes impressions
Télérama, 23 Mars 2022 This link opens in a new tab. -
Aux Douches Galerie, deux valent mieux qu'une
Julien Hory, Fisheye, 10 Mars 2022 -
Aux frontières du réel
Télérama Sortir, 8 Mars 2022 This link opens in a new tab. -
Photos surréalistes, cocktails, nouveau Mob house... Une semaine pleine de surprises
Sophie de Santis, Le Figaro, 1 Mars 2022
Aux frontières du réel
Je le définis donc une fois pour toutes : SURREALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
C’est une énigme car il n’existe aucun texte théorique sur l’image photographique dans toute la littérature surréaliste alors que le mouvement a influencé la pratique des plus éminents photographes, à l’instar de Man Ray, Raoul Ubac, Hans Bellmer.
Les images produites sont très diverses et vont du photomontage ou surimpression onirique, à la prise de vue en apparence plus banale mais où « se manifestent le merveilleux hasard des pérégrinations urbaines » (5). Certaines bouleversent le réel, ou dégagent un pouvoir transgressif et subversif.
La définition stylistique de la photographie surréaliste tient de l’éclatement, de l’hétérogénéité des pratiques individuelles, car c’est avant tout une expérimentation sans cesse renouvelée. La photographie est au service de l’imaginaire libéré des catégories établies (le nu, la nature morte, reportage, etc.). C’est par ce qu’elle provoque chez le spectateur qu‘elle trouve sa définition.
« La photographie surréaliste » rend visible ce qui est par-delà le réel, elle est une passeuse et donne accès au monde de l’inconscient, du rêve. Une image qui introduit en nous le désir, révèle une part des rêves enfouis, bouscule nos représentations classiques pour nous conduire sur des chemins qu’on n’osait pas emprunter ou dont on ne soupçonnait pas l’existence.
Alors que la photographie est censée s‘ancrer dans la réalité, ce glissement qui est donné à voir opère un malaise, un trouble. Ce mécanisme que nous impose l’artiste provoque une attirante répulsion pour l'image. Un sentiment d’insécurité se dégage de la tension entre deux sujets fortuitement rapprochés.
Érotique voilée, inquiétante étrangeté6, explosante fixe, pulsion scopique, étrange banalité : le champ lexical qui essaie de cerner la photographie surréaliste est vaste, tout comme les photographes influencés par ce nouvel espace créatif et qui l’ont nourri à leur tour.
Nous présentons ici quelques-uns de ces photographes, dont une partie de leur travail participe de la photographie surréaliste des années trente aux années cinquante : Denise Bellon, Pierre Boucher, Marc Foucault, Lucien Lorelle, Jean Painlevé, Pierre Molinier, Raoul Ubac en France ou Philippe Halsman, Val Telberg, Ruth Bernhard aux États-Unis.
Éric Rémy
Commissaire de l’exposition