Patrick Tosani Français, 1954
Patrick Tosani étudie l’architecture à Paris entre 1973 et 1979 mais se distingue de cet enseignement dès 1980 par un travail photographique qu'il base sur des jeux scalaires avec des objets manufacturés isolés de leur contexte (cuillères, talons, vêtements, glaçon, etc.). Au fil des années, ses sujets photographiques se développent du plus petit vers le plus grand : en 1982, il réalise des gros plans de figurines enchâssées dans des glaçons ; en 1987, il expose une série de Talons de chaussures de femme accrochés côte à côte et agrandis à l'échelle de deux mètres ; en 1988, la série Géographies agrandit démesurément des surfaces de tambours et les transforme ainsi en des topographies semblables à des cartes géographiques.
Tout en préservant une ligne de travail protocolaire à tendance conceptuelle, Patrick Tosani a su inventer une œuvre originale faisant éclater les cadres stricts de l’Autre Objectivité dont relèvent notamment des artistes tels que Hannah Collins, Jean-Louis Garnell ou Jeff Wall. Son travail de recherche s’aventure dans une déclinaison ludique des différents états du corps. L'artiste préserve la "forme-tableau" emblématique de l'École de Düsseldorf mais valorise avant tout une déstabilisation perceptive insistant sur l'expérimentation. Passionné par la technique photographique, il décrit son travail simplement comme un « enregistrement puis témoignage d'une expérimentation », œuvrant à des prises de vue rigoureuses quasi cliniques, il dit : « J’arrive, en quelque sorte, à une photographie presque scientifique, descriptive ». Parfaitement net, frontal et considérablement agrandi, l’objet photographié devient un outil d’analyse de la pratique photographique elle-même et de son rapport distancié au réel.